« Il y a presque quarante ans je découvrais la sculpture sur bois auprès d’un artiste diplômé de l’Ecole Boule.
Dès mes premiers pas dans cet art, j’ai sculpté le bois et le marbre pour en extraire des rondeurs, des formes voluptueuses qui racontent les gens, la vie, les rêves… Nul besoin de détails, le trait est épuré ; sans détour ni artifice ce sont les attitudes et la matière qui parlent. Aussi mes femmes sont-elles rondes, sensuelles et surtout généreuses de par la douceur et la plénitude qu’elles dégagent.
Toujours dans cette même recherche, j’ai ensuite abordé le thème que j’ai dénommé « les récréatives » où je me promène dans le monde ludique de l’enfance. Avec un regard sûrement plus humoristique, parfois plus caustique, de par l’exagération d’un détail ou d’une situation.
Je présente, entre autres des chérubins aux ventres ronds et fesses rebondies, escaladant des obstacles improbables, des petites filles et des petits garçons qui croquent la vie et regardent le monde du haut de leur insouciance.
Consécutivement à cette exploration humaine, je me suis également intéressée au végétal en m’inspirant de la nature, qui constitue mon environnement quotidien, et de ses différents stades d’évolution. Lorsque je sculpte un fruit, une graine, une gousse, là encore il est question pour moi de souligner la pureté de sa ligne, l’harmonie de ses courbes, tout en respectant la sobriété ou la complexité de sa forme. Seule la taille change et parfois la patine, ce qui confère à mes sujets une visibilité nouvelle et renvoie le public à s’interroger sur son propre environnement et les connaissances qu’il en a. J’en ai pour exemples ces enfants qui, alors que je faisais une démonstration de sculpture dans une de mes expositions, ont été surpris de découvrir que les cacahuètes qu’ils aiment tant, provenaient d’une coque d’arachide.
Pour cette thématique le choix du bois est important, car la texture et la matière orientent, parfois imposent mais toujours s’accordent avec le sujet qui va naître ».
Marie-Ange Pol