Thrénodie (tré-no-die) – substantif féminin Pièce de vers exprimant des lamentations sur un malheur public ou privé. (Littré)
Il était déjà là, depuis des années, et je passais devant comme je passe devant la plupart des autres arbres : dans un silence respectueux, mais sans le saluer.
Plus tard, nous nous sommes enfin rencontrés. Je l’ai observé avec attention, je lui ai tourné autour, découvert des détails de lui que j’ignorais. Enfin j’ai appris à l’aimer, et j’ai décidé d’en faire mon sujet.
Et puis, un mauvais jour, tout s’est dépeuplé.
Certes, le monde naturel que j’observe m’a toujours semblé être le royaume du changement, des transformations progressives ou brutales, et de la disparition. Si l’on y ajoute l’intervention humaine, ce changement prend bien souvent la forme de la destruction. « Les forêts précédent les peuples, les déserts les suivent », aurait écrit le poète.
Mais dans ce cas précis, que s’est-il vraiment passé ? Quelqu’un, quelque part, à un moment donné, a décidé que la beauté en déliquescence de cet arbre n’avait plus lieu d’être ? Pour un dessinateur, cette dégradation peut au contraire être la source d’un émerveillement sans fin. De même que le cycle de la destruction ne se laisse pas imposer une forme définitive, et ne cesse de surprendre par la variété toujours renouvelée de ses manifestations, le cycle de la création peut également adopter une multitude de formes, qui ne nécessitent pas d’être limitées par un savoir-faire particulier. Photographies, techniques de dessins et leurs assemblages divers viendront peut-être restituer un peu de ce paysage naturel mouvementé.
Laurent Claret
Les avis des visiteurs :
- « Une thrénodie sourde et vibrante, aux ondulations subtiles ; un chant de douleur puissant, mais surtout un chant de vie ! »
- « … MERCI de croire encore au trait, au temps, à la patience, au partage ; MERCI de donner à l’arbre la place qu’il mérite, entremêlé à nos vies, enraciné, symbiotique ; en un mot : BRAVO »
- « Magnifique et envoûtant »
- « L’arbre : l’essentiel, très belles interprétations évocatives… »